Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/283

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Fourberie de Zoulferalikhan.

Cet homme avoit été longtems employé dans les affaires par le vizir Mensouralikhan, par Alaverdikhan et nombre d’autres personnes du premier rang. C’étoit ce qu’on nomme proprement un vieux routier. Malgré le poid de quatrevingt et tant d’années passées sous le harnois, il se transportoit encore d’un bout de l’empire à l’autre aussi facilement que le pourroit faire un jeune homme de vingt cinq ans. La figure, le maintien, l’expression, tout étoit pour lui. Je n’ai jamais connu d’homme plus capable d’en imposer ; aussi j’avoue de bonne foi que j’en ai été la dupe. Voici ce que j’ai pu découvrir à son sujet et ce que bien des circonstances m’ont paru confirmer.

Mirdjaferalikhan, les Anglois et les Chets que je comprendrai désormais sous le nom de dorbar du Bengale, étoient fâchés de voir notre détachement chez une puissance étrangère et voisine, dans la crainte que nous ne vinssions à bout de former quelque parti. Leur intérêt demandoit qu’ils se servissent de tous les moyens possibles pour empêcher qu’on ne prit confiance en nous, partout où nous irions. Nous étions sur les terres de Soudjaotdola, c’étoit donc auprès de ce soubahdar qu’il falloit nous perdre. En conséquence ils firent passer leurs émissaires à Laknaor avec les instructions sans doute les plus amples. Zoulfekaralikhan étoit très lié avec tous les ministres et surtout avec