Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/284

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Tamkimkhan, qui n’étoit nullement prévenu en notre faveur. Les émissaires du Bengale donnèrent à entendre à ce ministre, que nous étions gens à former quelque projet avec le vizir contre les intérêts de Soudjaotdola, qui feroit mieux de nous forcer de retourner dans le Bengale que de nous accorder sa protection dont nous pourrions abuser. Sur quoi Tamkimkhan crut qu’il étoit nécessaire de nous pénétrer. Il jeta pour cela les yeux sur Zoulfekaralikhan et ne pouvoit mieux choisir.

Cinq ou six jours après mon retour de Laknaor à Eleabad, parut dans notre camp ce vieux bonhomme. Personne ne le connoissoit, il alloit et venoit sans dire mot. Sa mine respectable étoit pour lui un passeport assuré. Au bout de deux jours il s’adressa à un jeune homme de très bonne famille que j’avois amené avec moi de Bengale et qui me servoit en qualité de divan. Mirsobogotoulla étoit son nom, jeune homme d’esprit fort entendu, et qui, par sa qualité de sayet, étoit toujours reçu avec politesse partout où je l’envoyois. Je suis bien aise de reconnoître ici qu’il a servi à nous tirer d’embarras dans bien des occasions. Zoulfekaralikhan le connoissoit ; il l’avoit vu tout petit, il lui rappelle l’histoire de son bisayeul et de son trisayeul, et, que sais-je ? de toute sa famille, qui autrefois avoit occupé les premiers postes. Mon divan se souvint aussi de l’avoir vu. Bref voilà la connoissance établie.

Zoulfekaralikhan d’un air d’indifférence de-