Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/286

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mandé de ménager les intérêts de la nation françoise auprès de ces seigneurs, mais comme je sais qui vous êtes, je ne veux rien faire sans vous consulter. Présentez moi à M. Law. » Sur quoi, ils vinrent me trouver l’un et l’autre. Je vis les lettres dont il étoit porteur ; mais comme elles étoient fermées avec la chape de M. Dupleix, il ne me parut pas convenable de les ouvrir. Je fis mille questions à ce vieillard sur M. Dupleix, sur Pondichéry où il avoit été sans doute autrefois. Car il m’en rendit un très bon compte. Je lui demandai le nom du chef d’escadre, il eut bien de la peine à s’en souvenir, sans doute il étoit occupé à le composer. Il m’en donna un qui n’avoit pas l’air français ; mais il s’excusa sur ce que nos noms sont toujours estropiés par les gens du pays, ce qui est très vrai. Au surplus soit que l’air de cincérité du bonhomme m’en imposât, soit que ce fût l’effet de cette disposition où l’on est naturellement à croire tout ce qui flate, je trouvois toujours quelques raisons pour effacer les soupçons qu’il m’étoit impossible de ne pas avoir. Je lui demandai un détail de sa mission. Il me dit que M. Dupleix l’avoit chargé de s’adresser d’abord à Soudjaotdola et de l’engager à descendre dans le Bengale, de proposer la même chose au vizir, s’il n’y avoit rien à faire avec Soudjaotdola. Cela s’accordoit assés bien avec mon plan ; mais M. Dupleix, lui dis-je, devoit savoir que je suis de ces côtés ci ? Comment est-il possible qu’il ne vous ait pas remis