Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/297

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tient toute sa doctrine et ses institutions. Quelques uns disent que la langue originale dans laquelle ce livre avoit été écrit, est totalement perdue, et qu’on ne possède à présent qu’un commentaire nommé Shastah, ou chastah, écrit dans la langue sanscrite connue seulement des Brames qui en font une étude particulière. La morale de ce livre enseigne à croire en un être suprême qui a créé une gradation régulière d’êtres, les uns supérieurs, les autres inférieurs à l’homme, l’immortalité de l’âme, et un état futur de récompenses et de punitions qui consistent dans la transmigration d’un corps à un autre, selon la vie qu’on aura menée dans son état précédent. Tel est l’objet de la croyance des vrais Brames, ou plutôt de ceux qui sont instruits, et le nombre n’est pas grand, mais dans l’opinion qu’il falloit avoir recours à des objets sensibles pour rendre tout cela intelligible au vulgaire, on s’est servi d’allégories pour expliquer cette doctrine. De là sont venues toutes les images de l’être suprême, diversifiés selon l’attribut particulier qu’on vouloit exprimer : sa puissance par une figure avec quantité de bras armés de diverses façons ; sa sagesse par celle d’un homme avec une tête d’éléphant ; ainsi du reste, et c’est, on peut dire la vraie source de l’idolâtrie, car par la suite des tems on a perdu l’explication de ces figures ; elles sont devenues elles-mêmes les objets du culte, et comme la