Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/299

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énorme, élevés en pierre de taille, et paroissent avoir été l’ouvrage de plusieurs siècles ; quelques uns sont suposés être l’ouvrage de la divinité même ; ils sont ornés de figures représentant les amours de leurs dieux et leurs histoires particulières. Là c’est Eswara qui tord le col à Brama, ici c’est le Soleil à qui on fait sauter toutes les dents, la Lune à qui on a mis le visage en compote dans un repas auquel les dieux s’avisent de se battre. Ils disent que le Soleil et la Lune portent encore les marques de ce terrible combat. Ça et là dans leurs histoires on reconnoit bien quelques allégories morales et métaphysiques ; on apperçoit aussi de tems en tems les traces d’un premier législateur, mais en général le bon sens est si choqué de tout ce qu’il voit, qu’on ne conçoit pas comment un peuple raisonnable ait pu donner dans de pareilles extravagances.

« Leurs coutumes font partie de leur religion[1] étant sanctifiées par le prétendu divin caractère de leur législateur. Si les conjectures étoient permises, on pourroit suposer que le Brama étoit roi ainsi que législateur dans tout le continent de l’Inde, que son principal but a été d’attacher les Indiens à leur pays, et de rendre sacrées pour cet effet toutes les coutumes qu’il jugeroit à propos d’y établir. De là leur vénération pour les trois grands fleuves qui arrosent le pays, le

  1. Scrafton’s Reflections, p. 5.