Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/30

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mais alors deux causes vinrent paralyser l’essor de nos établissements : la guerre avec l’Angleterre et les invasions des Marates dans le Bengale.

La guerre avec l’Angleterre, qui eut tant de retentissement à la côte de Coromandel avec les sièges de Madras et de Pondichéry, ne fut point transportée dans le Bengale, où les loges françaises et anglaises convinrent entre elles de la neutralité du Gange. Réserve prudente : le nabab de Murshidabad n’eut sans doute pas toléré la guerre. À cette époque, les événements n’avaient encore révélé à personne la faiblesse politique et militaire de l’Empire Mogol et des divers états qui lui étaient attachés par des liens plus ou moins étroits. La crainte des Maures était un dogme bien établi auprès de toutes les puissances européennes, et nul dans le Bengale n’eut osé contrecarrer les ordres du nabab. Or, le nabab ne considérait les Européens que comme des contribuables qu’il pouvait pressurer mais qu’il ne devait pas détruire. Autant de nations, autant de revenus. Il pouvait bien tolérer que l’une cherchât à paralyser les opérations commerciales de l’autre, mais il lui importait qu’aucune ne fut totalement anéantie.

C’est pourquoi, après la déclaration de guerre de 1744 en Europe, les Anglais, plutôt que de menacer directement nos établissements du Bengale, se bornèrent en général à gêner notre navigation et à entraver notre commerce. Ils y réussirent à merveille et dès 1747, malgré leurs échecs à la côte de Coromandel, ils avaient acquis dans la vallée du Gange une situation prépondérante