Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/301

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peuvent avoir. Quelques uns de ceux avec qui j’ai eu occasion de m’entretenir[1], avouent leurs erreurs introduites dans leur religion, reconnoissent un être suprême, tournent en ridicule la superstition et l’idolâtrie de la multitude, mais en même tems soutiennent que c’est une nécessité de s’accommoder à la fo[i]blesse du peuple et ne veulent admettre aucun doute sur le prétendu divin caractère de leur législateur. Parlez leur de la vérité de la religion chrétienne, ils répondent que le tout peut être vrai, mais que Dieu a donné à chaque nation des loix particulières, une forme de culte différente des autres, qu’il leur a prescrit la leur, suivie par leurs ancêtres depuis plusieurs milliers d’années, et qu’ils n’ont aucune raison de douter qu’elle lui soit agréable. Cette façon de penser les porte à ne point s’embarasser de faire des prosélites, et fait qu’on ne peut guères les convertir. » Les brames descendent probablement des Brachmanes, dont l’antiquité parle avec tant de vénération, philosophes renommés dans le monde entier pour leurs sciences, et qui excelloient en astronomie ; mais en ce cas on peut dire que leurs descendants ont bien dégénéré, soit en qualité de philosophes, soit à titre de savans. Ils n’ont conservé que l’empire usurpé sur les consciences. Un petit nombre d’entre eux qui,

  1. Beaucoup de Brames savans que j’ai vus à Bénares, m’ont dit la même chose.