Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/306

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que le cochon parmi les Maures. J’ai dit qu’il étoit permis à des brames de manger certaines viandes. J’en ai eu à mon service qui mangeoient tous les jours de la viande de cabri. Au reste, c’est, je crois, selon les circonstances où le brame se trouve ; à l’armée, par exemple, en voyage, il lui sera permis de faire bien des choses dont il seroit obligé de s’abstenir s’il étoit chez lui ; mais, d’ailleurs, il faut que l’animal dont il mange la chair ait été sacrifié à son idole et, que le tout soit apprêté de la main d’un brame. Qui que ce soit d’une autre caste ne doit toucher au plat, sans quoi, il faudroit refaire la cuisine. Du même principe un brame ne peut s’allier à une autre caste, parce que la sienne est la plus élevée. Malgré cette supériorité si décidée au faveur des brames, on en voit quantité qui servent dans les familles des castes inférieurs, surtout dans celles des riches marchands et banquiers qui, ainsi que les rajas, se font un honneur de ne rien manger qui ne soit préparé par un brame. Ce brame domestique, cependant, conserve toujours sa dignité ; il reçoit l’humble salut de son maître, et le lui rend en tendant la main droite d’un air de protection.

Les avantages temporels qui reviennent aux brames de leur autorité spirituelle, et l’impossibilité d’être admis dans leur tribu, ont probablement donné naissance à cette prodigieuse quantité de faquirs qui, par les pénitences les plus austères, se mettent à la torture pour s’attirer la même véné-