Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/308

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dans leur camp. Ils ont un certain nombre de brames qui officient. Le chef brame fait arranger sur des planches, ou sur un lit de gazon tous les petits dieux, ou pagodes de différens métaux et figures. On y met des vases pour les ablutions, on y répand toutes les fleurs de la saison, on y apporte en offrande du ris, du blé, du sel, enfin les fruits de la terre qu’on est à portée d’avoir. Le principal brame, assisté de ses confrères, fait les prières accoutumées auxquelles doivent se joindre tous les Indiens présents. Pendant la cérémonie qui dure une heure et plus, on entend de tems à autre, le carillon de plusieurs clochettes, et surtout à la fin, le tintamarre devient insupportable.

Tous les brames qui, d’une manière ou d’autre, se trouvent engagés dans les affaires du monde, n’ont rien dans leurs mœurs qui doive leur faire donner la préférence sur les autres Indiens, bien au contraire, ils ne les valent pas. Dans la persuasion où ils sont que l’eau du Gange doit effacer leurs crimes, et n’ayant, d’ailleurs, presque rien à craindre des loix sous un gouvernement gentil, ils abusent souvent de leurs privilèges pour donner dans des excès qu’on voit rarement parmi les autres Indiens.

Les Tribus inférieures à celle des brames doivent toutes avoir leur rang assigné. L’Indien d’une caste inférieur se croit honoré en adoptant les coutumes d’une caste au dessus, mais celle-ci sacrifieroit tout plutôt que de céder le moindre de