Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/309

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ses privilèges. L’inférieur reçoit tout avec respect du supérieur, mais celui ci ne mangera absolument rien de ce qui aura été accommodé par une personne d’une caste au dessous de la sienne. Leurs mariages, ainsi que ceux des brames, sont limités dans leurs castes particulières, aucune alliance étrangère n’est permise. Cependant on fraude la loi ; du moins j’ai vu des exemples par lesquels il sembleroit prouvé que dans certains cas, un homme peut prendre une femme d’une caste supérieure à la sienne, mais il ne doit jamais en prendre une qui lui soit inférieure. De là, outre la physionomie commune à tous les Indiens gentils, on reconnoit un air de ressemblance dans les personnes d’une même caste. Il y a des castes remarquables pour leur beauté, d’autres qui le sont par leur laideur ; la dernière est celle qu’on nomme halalkores[1]. C’est un composé de tout ce que la nation a de plus vil ; destinés à la misère par leur naissance, ils sont employés dans la société à ce qu’il y a de plus bas ; leur fonction la moins ignoble est celle d’enterrer les morts. Les blanchisseurs[2] sont un

  1. On les nomme Parias à la Côte Coromandel.
  2. Les blanchisseurs sont bien censés de la dernière caste (Parias ou halalkores), cependant comme l’idée de malpropreté ne tombe que sur ce qu’ils prennent et que tout ce qu’ils présentent, ou raportent est propre ; que, d’ailleurs, on est obligé de se couvrir le corps de ce qui sort de leurs mains, on peut dire qu’ils ne sont que demi parias ; on fait une distinction en leur faveur.