Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/317

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est toujours en faute par les idées singulières qu’il s’est formées sur l’impureté. Il faut donc qu’il soit sans cesse occupé à réparer le mal ; mais il n’y peut réussir qu’en satisfaisant à tout ce qu’exige le prêtre. Sa religion lui défend de voyager sur mer, aussi, n’a-t-il besoin de rien du dehors ; la terre qu’il occupe lui fournit abondamment et sans peine toutes les nécessités, toutes les commodités de la vie. Cette deffense ne s’étend pas, cependant, sur les soldats, ou du moins y a-t-il une tolérance en leur faveur.

Lorsque les Indiens voyagent sur les rivières, et surtout sur le Gange, ils ne peuvent faire cuire leur nourriture tant qu’ils sont sur le batteau ; ils se soutiennent toute la journée en mangeant du béthel, quelques fruits secs, du ris et d’autres grains passés au feu la veille. Sur le soir le batteau vient à terre ; pour lors ils font leur cuisine, mais avec autant de précautions que les brames. C’est ce que j’ai eu occasion de voir plusieurs fois en parcourant le Gange avec des flottes considérables. Quelque fois j’avois avec moi plus de mille rameurs, dont les trois quarts étoient Gentils. À l’attérage, les Maures qui s’étoient bien nourris chemin faisant ne songeoient plus qu’à dormir, pendant que les pauvres gentils, quoique aussi fatigués, étoient obligés de travailler à leur cuisine. Ils se mettent cinq ou six ensemble, parmi lesquels on prend le plus entendu qui fait nettoyer et laver un petit espace de 8 ou 10 pieds de diamètre, et dont la