Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/318

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circonférence doit être bien marquée ; après quoi il fait faire de petits fournaux, et se met à travailler pendant que les autres lui apportent du bois, de l’eau et autres choses dont il peut avoir besoin. Si quelqu’étranger passe, ils ont soin de crier de ne pas approcher. Si malheureusement, un homme d’une religion différente vient à toucher ce qui contient leurs vivres, c’est autant de perdu pour eux ; il faut qu’ils recommencent à nouveaux frais. Le cas est arrivé souvent. J’ai vu quelquefois des soldats Européens pris de boisson, et par pure malice attendre le moment que tout fût prêt pour porter le trouble parmi nos rameurs ; il falloit entendre alors les cris et les plaintes de ces pauvres gens ; si on ne leur rend pas justice, il y a de quoi les faire tous déserter. On punit le soldat et le commandant est obligé de donner aux brames de quoi acheter de nouvelles provisions.

« De tout ce que je viens de dire[1] on a lieu de conclure que les Gentils sont un peuple doux, superstitieux et charitable, caractère formé par leur tempérance, leurs coutumes et leur religion. Ils connoissent peu ces différentes passions qui, parmi nous, forment les plaisirs et les peines de la vie. En se mariant aussi jeunes, et n’ayant, d’ailleurs, aucune idée de ce que nous nommons société de femmes, ils sont moins sujets à l’amour, c’est à dire à ses violents effets. L’ambition se

  1. Scraftons Reflections, p. 15.