Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/319

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trouve bornée autant qu’elle peut l’être par les obstacles insurmontables que la religion a posés en limitant la sphère de chaque individu. À l’égard de toutes ces folies que la débauche occasionne, elles ne peuvent avoir lieu, puisqu’ils s’abstiennent de toutes liqueurs enivrantes ; mais aussi de tout cela, il résulte qu’ils n’ont pas cette force d’esprit ni toutes les vertus entées, pour ainsi dire sur ces passions qui rendent nos sentimens beaucoup plus vifs ; ils préfèrent une apathie fainéante et répètent souvent ce passage d’un de leurs livres, il vaut mieux s’asseoir que de marcher, se coucher que d’être assis, dormir que de veiller, et la mort vaut mieux que tout. Leur tempérance jointe à la chaleur accablante du climat éteint toutes leurs passions, et ne leur laisse que l’avarice, passion favorite des âmes foibles. Ce penchant à l’avarice est d’ailleurs fortifié par l’oppression du gouvernement qui ne permet pas a un sujet de s’élever au dessus de la médiocrité. L’autorité a toujours été jalouse de l’influence des richesses. Les gouverneurs mahométans voient d’un œil impatient l’accroissement de la fortune des particuliers, et l’enlèvent au moment qu’ils s’y attendent le moins pour prévenir ce malheur. Un gentil a coutume d’enterrer son argent si secrètement que ses propres enfans n’en ont aucune connoissance. Le gouvernement fait saisir sa personne, mais vous seriez étonné de ce que ce gentil souffrira plutôt que