Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/320

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de découvrir son trésor. Lorsque les traitemens les plus rudes ont été sans effet, on le menace de le souiller, de lui faire manger de la vache, par exemple, ce qui lui feroit perdre sa caste ; mais cela même quelquefois est inutile. Le désespoir faisant oublier au gentil tout ce qui peut l’attacher à la vie, il s’ouvre le ventre, ou avale du poison, et porte son secret au tombeau. Il se perd de cette façon des sommes considérables ; c’est même la meilleure raison qu’on puisse donner de ce qu’on ne voit pas l’argent devenir plus commun dans l’Inde, quoiqu’il n’en sorte pas[1], et malgré la quantité qu’on y transporte tous les ans.

« Les Gentils dans les provinces du sud sont assez grands, mais minces, foibles, et très souples. Leur manière de se nourrir n’est pas propre à faire des hommes robustes. C’est à la souplesse dont est partagée toute la forme d’un corps indien, et qu’on remarque encore mieux dans la configuration de sa main, que nous sommes redevables de la perfection à laquelle ils ont porté leurs manufactures de toiles. Le même instrument dont se sert un Indien pour faire une belle pièce de mousseline produiroit à peine une pièce de canavas sous les doigts inflexibles d’un Européen. Les Indiens paroissent d’une assez bonne santé, et malgré cela on

  1. Ceci a été écrit en 1763.