Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/321

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les voit rarement parvenir à un grand âge, mais aussi ils sont hommes lorsque nous ne sommes encore qu’enfans. Rien de plus commun que de voir un enfant dans les bras d’une mère d’onze a douze ans, et dont le père n’en a pas plus de treize à quatorze. Les femmes stériles sont très rares, mais elles ont peu d’enfans. À 18 ans, leur beauté est sur le déclin, et à 25 elles paroissent vieilles. Les hommes se soutiennent mieux ; trente ans est leur tropique, passé cela, ils tombent à vue d’œil. Ainsi l’on peut dire que le printems de la vie est très court chez eux ; leurs organes sont usés avant que les facultés de l’âme ayent pu parvenir à aucune perfection[1]. »

Il ne faut pas comprendre dans le caractère général de l’Indien ceux qui habitent les bois et les montagnes, cela fait un peuple tout différent. Ils sont la plupart comme des sauvages, voleurs déterminés et bravant la mort pour le plus petit

  1. Il ne faut raporter tout cela qu’aux parties méridionales de l’Inde : dans le nord les hommes et les femmes sont plus robustes, se soutiennent mieux. J’ai vu des Gentils et des Mahométans qui avoient plus de cent ans. Il n’y a chez les Indiens, Mahométans ou Gentils, aucun registre public contenant la naissance des individus, de sorte qu’il n’est pas possible de savoir exactement l’âge d’une personne ; la tradition y suplée les naissances ; les morts sont constatées par un à peu près sur tel règne, tel commandant, tel juge, tel événement. On parvient plutôt à savoir l’âge, la généalogie d’un cheval de prix, surtout si c’est de race arabe, que l’âge ou la généalogie de son maître.