Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/322

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intérêt. Dans la presqu’isle on les nomme Taliars, Kalers. Ils ont des chefs puissans nommés Paléagars que les gouverneurs de province sont souvent obligés de déménager. Dans le Bengale et dépendances, il y a beaucoup de ces sortes de créatures qui habitent le long des montagnes de Rajemolle, et la province de Bodjepour en est remplie.

Toutes les armées dans l’Inde ont avec elles certain nombre de voleurs qu’on nomme Loutchas dont les chefs sont au service des commandants à qui ils payent, d’ailleurs, plus ou moins pour avoir la permission d’exécuter leurs beaux exploits. Ces compagnies de Loutchas n’étoient autrefois composés que de ces sauvages dont je viens de parler, mais aujourdhui quantité de gens maures ou gentils qui n’ont ni feu, ni lieu, se mêlent de faire le même métier. Leur nombre dans une petite armée surpasse quelquefois celui des soldats. Ce sont eux qui répandent partout l’allarme, qui brûlent et saccagent à droite et à gauche, mais aussi ce sont eux qui entretiennent souvent l’abondance dans une armée par les découvertes qu’ils font de provisions et autres choses nécessaires. Ils sont à pied, ils n’ont qu’un sabre ou un bâton ; voleurs aussi adroits et déterminés qu’il en fut jamais, ils se glissent dans le camp ennemi sous toutes sortes de formes pour enlever les chevaux, et en viennent à bout avec une dextérité surprenante. Il se fait même quelquefois de commandant à commandant des paris très considéra-