Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/323

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bles à leur sujet. Voici ce qu’on m’a raconté :

Un chef dont on menaçoit de faire prendre le meilleur cheval, le faisoit mettre par précaution dans sa tente une heure avant la nuit, s’en réservant la garde à lui même, et posoit en dehors plus de cent personnes pour empêcher qui que ce soit d’entrer sans ordre. Chaque cheval de prix dans l’Inde, outre son palefrenier, a un homme ou deux pour lui fournir de l’herbe ; mais de plus, il y a autour des camps quantités de gens qui vont et viennent avec de gros paquets d’herbes pour vendre. Un soir, comme le chef étoit apparemment à poser ses sentinelles, il aperçut trois ou quatre de ces fourageurs ; le marché fait, ceux ci portèrent dans la tente les paquets d’herbes qu’ils étendirent devant le cheval en présence du maître ; après quoi ils se retirèrent. Le chef après avoir bien soupé se mit sur son lit, ayant soin de passer à son bras une corde qu’il avoit attachée au licou de son cheval. Sur le minuit, l’animal, malgré l’obscurité, apercevant quelque chose remuer devant lui, prend l’épouvante, recule et par ses mouvemens de tête, arrache ses piquets, et réveille son maître. Un jeune homme extrêmement petit, mince et souple avoit été introduit, caché dans un des paquets d’herbes, et les autres avoient été jettés sur lui. Ce voleur, étendu comme un crapaud sous l’herbe, avoit voulu défaire un des piquets, mais entendant la voix du maître, il resta tranquile dans la même position. On apporte de