Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/325

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qu’ils auroient leur pardon. La proposition acceptée, l’un d’eux fut mis en liberté. Ne reparoissant pas au tems marqué, le major Laurence fit venir celui qui étoit détenu, et lui demanda pourquoi son frère n’étoit pas revenu, ajoutant qu’il n’avoit qu’à se préparer à mourir, si les chevaux n’étoient pas rendus avant le lendemain soir. Le caller sans se déconcerter, repondit qu’il étoit surpris de ce que les Anglois fussent assez simples pour s’imaginer que son frère et lui eussent pu être dans l’intention de restituer un butin aussi considérable, capable seul de faire la fortune de toute la famille, et cela pendant qu’il ne tenoit qu’à eux de le garder au prix d’une vie qu’il avoit exposée maintes fois pour attraper un peu de ris. Il ajouta qu’étant déterminés l’un et l’autre à périr s’il le falloit, plutôt que de rendre les chevaux, on ne pouvoit pas trouver mauvais qu’ils eussent cherché un moyen de sauver l’un des deux. Cet homme prononça cette appologie singulière d’un air si indifférent sur le sort qui le menaçoit que toute l’assemblée se mit à rire. On eut pitié de lui. M. Clive ayant parlé pour lui au Major, on se contenta de le chasser.

J’avois toujours entendu dire que les habitans des bois étoient plus barbares que les sauvages de quelque partie du monde que ce fût, et cela fondé sur une coutume qu’on prétendoit établie parmi eux, qui est que lorsque deux hommes ou femmes de la même nation ont querelle ensemble, chacun