Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/328

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nom seroit encore impropre, ne convenant qu’à ceux qui sont dans le pays dit Indoustan. Le Bengale n’en fait pas partie ; la presqu’isle n’en est pas non plus, et cependant il y a dans ces deux endroits beaucoup de Mahométans qui ne sont ni Persans, ni Patanes, ni Mogols ; quel nom faudroit-il leur donner ? On s’est tiré d’embarras en confondant tous les Mahométans sous le nom de Maures. Nous ferions mieux de distinguer les habitans de l’Inde en les nommant Indiens, Gentils, et Indiens Mahométans.

« Si nous voulons connoitre le vrai caractère des Maures, il faut le chercher dans la manière dont ils sont élevés. Les enfans de famille, les garçons sont abandonnés aux soins des eunuques et des femmes jusqu’à l’âge de cinq ou six ans. Mais dès lors, par le trop de ménagement qu’on a pour eux, ils se trouvent avoir contracté une délicatesse de complexion, beaucoup de timidité, et un penchant prématuré pour les plaisirs du sérail[1]. À six ans on leur donne des maîtres pour apprendre les langues Persane et Arabe ; on les fait paroitre en compagnie, ou on leur apprend à se tenir avec beaucoup de gravité et de circonspection, à réprimer les mouvemens d’impatience. On leur enseigne toutes les façons, les

  1. Nous donnons le nom sérail à la demeure des femmes mahométanes. C’est à tort, le vrai nom usité dans l’Inde est harem. Il y en a d’autres. Sérail veut dire proprement palais, grand logement, caravansérail, logement de caravane.