Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/329

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cérémonies usitées dans les cours orientales, dont le fonds n’est que dissimulation. On leur apprend à dire leurs prières en public, et tout l’extérieur de la dévotion. Vous seriez enchanté de voir l’aisance, la décence et la politesse avec lesquelles un enfant de huit à neuf ans se comporte dans une assemblée. Ils apprennent aussi à monter à cheval, à faire des armes. On leur donne un bouclier, un sabre et un petit poignard qu’on leur met à la ceinture et qu’on nomme Katary. Les Maures ne sortent jamais sans cet instrument dont ils savent trop bien faire usage dans l’occasion. Lorsque les heures d’étude et de compagnie sont passées, ils retournent au sérail, et les parens ne se font pas le moindre scrupule de les admettre à leurs jeux et à leurs divertissemens, où très souvent des farceurs représentent tout ce qu’on peut imaginer de plus infâme et de plus contraire à la nature, et cela non à dessein d’exciter l’horreur, mais comme un amusement. Rien n’est si choquant que de voir l’insensibilité avec laquelle les parens exposent de pareilles scènes à l’imagination encore tendre de leurs enfans. Les esclaves, les femmes du sérail guettent avec impatience les premières apparences du désir pour les débaucher à l’insçu des pères et mères. C’est ainsi que leur éducation est continuée jusqu’à 13 ou 14 ans. Pour lors, on les marie ; ils ont leur maison à part ; l’entrée du sérail du père est défen-