Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/332

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nœud sacré. Il est vrai que ce mot est toujours dans leur bouche, mais le cœur n’y a aucune part. Ils ne s’en servent que pour mieux tromper. L’amitié chez eux, ainsi que la dévotion, n’est que parade. Ils boiront entre chaque prière un verre de liqueur forte, quoique cela leur soit défendu, et le chapelet à la main, ils poignarderont la personne même qu’ils embrassent. De là vient, dit-on, la coutume que les Maures de dictinction n’embrassent jamais que de la main droite, afin que la personne qu’ils embrassent faisant le même mouvement, ne puisse porter sa main droite à leur Katarye sur lequel ils ont le poignet gauche appuyé. Lorsqu’on voit deux Maures s’embrasser tous les bras ouverts, on peut dire qu’il y a de la bonne foi, mais c’est rare. Partout ailleurs, « les Mahométans sont enthousiasmés de leur religion, mais ici les sectateurs d’Omar et d’Aly ne disputent jamais entre eux pour savoir quel étoit le vrai successeur au Kalifat. Il y a peu de mosquées, encore moins de moullas, et les grands, quoiqu’ils soient assez exacts à faire leurs dévotions particulières, ne vont presque jamais aux mosquées. » Par la loi, chaque maure devroit une fois en sa vie, faire le voyage de la Meque ; il y en a très peu qui y vont. Lorsqu’ils sont de retour, on joint à leur nom l’épithète Agy [Hadji], qui veut dire sanctifié.

« On peut donc reconnoitre deux caractères dans les Maures, et les diviser en deux classes ;