Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/335

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vre desquels ils ne peuvent rien comprendre ; car telle est la façon de penser en général des Indiens. J’en ai vu un qui n’osoit m’approcher s’imaginant que chaque bouton que j’avois à mon habit, étoit autant d’armes à feu. Je demande si ces dix mille Européens fonceroient sur les mille Indiens. Cela arriveroit quelque fois, comme cela arrive quelque fois chez les Indiens. Leurs défaites multipliées ne prouvent donc pas, selon moi, une lâcheté personnelle, mais bien l’indiscipline, leur défaut d’armes, et plus encore le manque d’un motif puissant tel qu’est chez les Européens, l’honneur de la nation, l’amour de la patrie. Ils ont de la bravoure ; les Européens ont déjà eu quelques occasions de s’en apercevoir, et peut-être viendra-t-il un tems qu’ils ne s’en appercevront que trop. Il ne faut souvent qu’un homme pour changer l’esprit d’une nation, et lui faire connoitre sa propre force.

Différences par raport aux habitans des provinces du Nord.

Voici quelques différences dont j’ai cru m’appercevoir sur les caractères et coutumes dans les parties de l’Inde que j’ai parcourues. Plus on monte dans le nord, plus on remarque de fierté et de résolution. L’habitant du Bengale est naturellement timide ; celui de la province de Béhar ou Patna l’est bien moins, et ceux des provinces plus éloignées sont généralement reconnus pour braves. Les corps sont plus robustes, l’éducation plus mâle, la raison