Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/336

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de cette différence doit être attribuée au climat, qui est plus tempéré, à la nourriture qui est plus forte[1], et sans doute aussi à cette quantité de Mogols et Patanes, tous gens de guerre, répandus dans les provinces du nord et qui sont plus rares dans celles du sud. Ces peuples y conservent plus longtems l’esprit de leur origine par les recrues qui viennent tous les ans, et la force de l’exemple peut bien influer sur le caractère des anciens habitans.

La religion des gentils est la plus étendue, mais avec moins de superstition, et même avec une sorte d’indifférence, tant de la part des Maures que des Gentils, dont on est fort éloigné dans le Bengale. Je parle seulement des provinces soumises au gouvernement maure, car pour celles où il n’y a que des gentils, la superstition domine tout autant que dans la presqu’isle ou le Bengale. À Bénarès, autrement dit Cashy, ville privilégiée, ville sacrée des gentils, où se tient, dit-on, l’université des brames, on vit une belle mosquée bâtie par le fameux Aurengzeib[2], fréquentée par les Maures et

  1. Le peuple s’y nourrit de blés.
  2. Aurengzeib affectoit, surtout les premières années, le plus grand zèle pour sa religion, mais ce n’étoit qu’hypocrisie ; il faisoit tout servir à sa politique. Dans le vrai, il ne tenoit à aucune religion pas plus que son grand-père Djehanguir qui, dit l’histoire, se plaisoit aux disputes de controverses qu’il excitoit en sa présence entre les missionnaires chrétiens, les Brames et les moullahs. Il ne paroissoit jamais plus content que lorsqu’il voyoit les moullahs ne savoir que dire, ce qui arrivoit souvent. Ce fut lui qui dans une de ces disputes parut