Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/337

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les Gentils indifféremment. On y adore Vishnu dans un coin, et dans un autre on invoque Mahomet. Cela est de fondation, Aurengzeib ayant voulu suivre du moins un des avis que lui avoit donnés son père Chadjehan qu’il détenoit prisonnier. J’ai déjà dit dans quelqu’endroit, que le premier étoit d’épargner la vie de ses frères ; le second, de ne point penser à la conquête du Dekan ; et le troisième de ne se point mêler des disputes des religions. Vous savez qu’il n’a eu aucun égard pour les deux premiers. Peut-être croyoit-il suivre le troisième en réunissant les deux cultes sous un même toit. Cela n’empêche pas que la religion mahométane ne soit la dominante, puisque c’est celle du gouvernement ; aussi voit-on dans toutes ces provinces d’assez belles mosquées, et beaucoup de dergas. Ce sont les tombeaux de ceux qu’ils nomment Pyr. On les croit remplis de l’esprit du prophète, et après leur mort ils sont honorés comme saints. On ne voit pas dans le nord de pagodes remarquables, comme celles de Chalembrom, de Seringham, et tant d’autres qui sont dans le Dekan.

Les seigneurs dans l’Inde, tant chez les Maures que chez les Gentils, aiment à paroitre avec éclat. Ils sont serrés dans leur intérieur et d’une petite

    convenir que N. S. J. Ch. étoit fort au dessus de Mahomet, puisque dans l’alcoran même N. S. J. Ch. est dit être l’Esprit de Dieu, et que Mahomet n’y est nommé que l’Envoyé de Dieu. La Mosquée-Pagode ne fut bâtie que vers les dernières années du règne d’Aurengzeib.