Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/338

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dépense, mais ils veulent être grands dans tout ce qui a raport au public. Tel qui se contente d’un seul plat à son dîner, ne voudroit pas pour toutes choses, traverser une rue sans être porté et sans une suite nombreuse. On parle beaucoup en France du luxe indien, et comme d’une chose dont nous ne tirons pas tous les avantages que nous pourrions. Je regarde comme luxe, non tout ce qui est au delà du nécessaire, cela iroit trop loin, mais tout ce qui n’est pas d’un usage commun : tout pays a le sien, et j’avoue que celui de l’Inde est porté assez haut, sans être, cependant, aussi étendu qu’en Europe, parce qu’il n’y a que peu de personnes dans l’Inde qui osent paroitre riches. Mais ce qui est objet de luxe dans un pays peut bien ne pas l’être dans un autre. D’ailleurs, ce qui rend le luxe d’une nation utile aux étrangers, c’est moins le raport qu’il peut y avoir entre les objets de luxe, que l’impossibilité de trouver en elle-même, de quoi fournir au sien. Pour vous mettre en état de juger jusqu’où nous pourrions profiter de celui de l’Inde, je vais vous dire en quoi il consiste.

Un seigneur de l’Inde extraordinairement logé dans une grande maison, très mal meublée, veut avoir beaucoup de domestiques, des fusiliers, beaucoup de chevaux de main, des éléphants, des chameaux, des habillemens magnifiques, des bijoux, parce que tout cela paroit quand il sort. Si c’est de nuit, il aura devant lui deux cent Machals (flambeaux), non de cire, cela couteroit trop, ce