Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/339

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sont de vieux haillons entortillés, dont on fait un rouleau de la longueur de deux pieds ; on le met dans un manche de cuivre, et d’un flacon de même métal, on verse dessus de l’huile de tems en tems. Il y en a de plus petits qu’on met au bout de plusieurs fourches de fer qui ont quantité de branches ; cela forme des demi soleils dans l’air. Tous ces feux attirent l’attention du public. Il fera beaucoup de dépenses pour un mariage, pour une pompe funèbre, pour certaines fêtes ; c’est en quoi une bonne partie des Indiens épuisent leurs bourses ; il ne dépense peut-être pas la valeur d’un écu pour son dîner ordinaire, mais s’il donne à manger, il sera prodigue. Il y aura une profusion de mets servi mal proprement dans des plats d’étain, ou de cuivre étamé, quelquefois dans de la porcelaine ; on ne sait ce que c’est dans l’Inde que de la vaisselle d’or et d’argent. On ne conçoit pas comment on peut employer à cet usage une si grande quantité de ces précieux métaux, et lorsqu’un maure se trouve à une table européenne, sa première idée est que tout ce qu’il voit n’est que du cuivre blanc. On voit quelquefois dans un repas une ou deux cuillers d’argent en forme de cuillers à pot, et autant de tasses[1]. Une betheliere, un eaurosier, une boëte à épiceries, un hœqua, deux bâtons des chobdars,

  1. On ne voit ni cuillers ni fourchettes chez les Indiens, gentils ou mahométans, les morceaux sont servis coupés ; ils ne se servent que des doigts de la main droit pour porter le manger à la bouche ; l’autre main a ses fonctions parti-