Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/340

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des ornemens d’éléphants, de chevaux, de palanquins : voilà tout ce qui compose l’argenterie d’une maison distinguée. À en juger sur certains tableaux, enfans de l’imagination, on a cru que tous les orientaux donnoient dans un luxe effroyable en statues, en vases précieux de toute espèce. Je puis vous assurer qu’on ne voit rien de tout cela dans l’Inde. Il peut y avoir à la cour de Dehly quelques vases d’argent, quelques plats pour l’usage ordinaire ; et je m’imagine bien qu’avant l’invasion de Nadercha, il y en avoit beaucoup plus ; mais ces meubles sont travaillés dans le pays ; il s’en faut de beaucoup que l’art surpasse la matière. J’ose assurer de plus, que bien des particuliers à Paris ont plus de vaisselle d’or et d’argent chez eux que le grand Mogol d’aujourd’hui n’en a dans toute sa maison. En quoi donc consiste le luxe indien, me direz vous ? car vous ne trouverez peut-être rien de bien extraordinaire dans la dépense que fait ce seigneur dont je viens de parler ; aussi c’est le plus grand nombre que j’ai eu en vue. Il y en d’autres qui portent le luxe bien au delà ; il y en a même qui s’y ruinent, mais dans une ville comme Dehly, la capitale de l’Empire, vous en trouverez peut-être dix. Jugez du peu que vous trouverez dans les autres. Ces seigneurs que je supose cu-

    culières. S’il y a vingt convives, chacun aura devant lui la même quantité de plats plus ou moins grands, contenant la même espèce de nourriture.