Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/34

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leux. Les loges européennes participaient à ce malaise, quand elles n’étaient pas obligées de prendre des mesures effectives pour leur défense ; en 1746, Chandernagor fit de grosses dépenses pour s’entourer d’un fossé protecteur.

La puissance du nabab donnait seule quelque sécurité aux Européens. Le nabab était alors Aliverdi khan, âgé d’un peu plus de 70 ans. Aliverdi était arrivé au pouvoir dans d’assez singulières conditions, comme c’était l’usage dans l’Inde. Au temps où Murshid Kouli khan (nommé encore Jaffer khan) était nabab de Bengale[1], il maria sa fille unique à un nommé Sujah khan, qu’il avait chargé pour son compte du gouvernement d’Orissa. Sujah khan avait à Bourhampor, dans le Décan, un parent pauvre nommé Mirza Mohammed ; ce Mirza avait deux fils, Hadji Ahmed et Mirza Mohammed Ali. Ces deux hommes vinrent avec leur père chercher fortune auprès de Sujah khan, qui les accueillit avec bienveillance et leur procura des emplois dans son gouvernement. Tous deux avaient de précieuses qualités pour réussir : Hadji Ahmed, l’aîné, était insinuant, souple et judicieux ; à ces qualités le plus jeune ajoutait de réels talents militaires. Tous deux ne tardèrent pas à acquérir une grande influence et leurs conseils avisés contribuèrent à donner de la force et de l’éclat à l’administration de Sujah khan.

  1. Murshid Kouli khan fut nabab du Bengale de 1704 à 1725.