Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/35

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Néanmoins, ce dernier n’était pas aimé de son beau-père. Lorsque Murshid mourut en 1725, il déshérita son gendre pour laisser le pouvoir à son petit-fils, Safras khan. L’audace et l’habileté des deux frères firent échouer ces dispositions ; ils se soulevèrent et, avant que Safras khan eut pu faire acte de nabab, Sujah khan était déjà maître de la capitale. Des lettres patentes du Grand Mogol confirmèrent cette élévation.

Sujah khan, déjà nabab du Bengale et d’Orissa, acquit encore le Béhar en 1729. Ce fut pour lui une occasion éclatante de témoigner sa reconnaissance à ceux qui l’avaient porté au pouvoir : Mirza Mohammed fut chargé de l’administration de la nouvelle province et reçut à cette occasion le titre d’Aliverdi khan. Il administra avec prudence et accrut la prospérité du Béhar.

Sujah khan mourut en 1739 et transmit régulièrement sa succession à son fils Safras khan. Ce dernier était un homme incapable et entièrement adonné au plaisir et à la débauche ; au lieu de ménager ceux qui, dans cette situation, auraient pu le mieux protéger son trône, il ne négligeait aucune occasion de les humilier et de les couvrir d’affronts. Les fortunes privées étaient elles-mêmes menacées et avec elles la vie de leurs propriétaires. Le danger commun réunit de communs efforts et notamment ceux d’Aliverdi khan et de Jogot Chet, le plus riche banquier du Bengale. De tout temps, les questions d’argent ont joué un rôle considérable dans la direction politique des peuples ; il est peu de pays où elles aient eu pour l’in-