Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/341

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rieux, et disposés à faire toute la dépense nécessaire pour se satisfaire, s’occuperont à faire bâtir des maisons à la ville, à la campagne, qu’ils orneront de peintures et dorures à la mode du pays, à faire des jardins ; ils auront les plus belles glaces qu’apportent les Européens, des lustres, pendules, quelques vases de porcelaine de Chine ou du Japon, des montres, tabatières, étuys, enfin tout ce qu’il y a de plus curieux dans les établissements européens. À certaines fêtes ils dépenseront la valeur d’un million en feux d’artifices, illuminations repas publics. Parmi les gentils, un homme riche doit pour son honneur régaler sa caste de tems en tems. Ces seigneurs dépenseront un argent immense en danseurs, danseuses et musiciens. On en voit quelques fois, qui, enthousiasmés de ce qu’ils voyent et entendent, à l’aide de quelques pastilles qu’ils ont pris, se mettent à pleurer et se dépouillent de leurs ornements les plus riches, pour les donner à ces sortes de gens. Vous êtes surpris de les voir pleurer ; rien n’est plus vrai. Il y a telle danse, tels airs, qui, joints aux paroles, font sur eux le même effet que fera une bonne tragédie parmi nous. J’en ai été témoin ; j’ai vu jetter à une danseuse des châles, des bagues, des médailles, des colliers de pierres précieuses, mais je ne pus rester jusqu’à la dépouille entière. En voyant que tout le monde pleuroit, l’envie de rire me prit si fort que je fus obligé de me retirer. C’est là en quoi consiste le grand luxe. J’ajouterai encore que les