Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/343

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elle n’alloit plus. Vous me direz qu’il devoit résulter de tout cela un grand avantage pour le débit de ces sortes d’effets ; cela est vrai. Mais dans tout le Bengale il n’y avoit peut-être pas dix personnes de la trempe d’Alaverdikam ; aussi le débit ne pouvoit jamais être bien étendu.

Vous pouvez voir de ce que je viens de dire quels sont les effets qui peuvent servir au luxe dans l’Inde. Les Maures et Gentils ont déjà chez eux les principaux articles : chevaux, éléphants, chameaux, toutes sortes d’étoffes de soyes, brodées, brochées en or ou argent, beaucoup plus estimées que les nôtres pour l’usage ordinaire, parce qu’elles sont plus légères et coûtent bien moins. Ils ont les plus belles toiles, les pierres précieuses et quantité d’autres articles, de sorte que l’accroissement du lustre que peuvent produire les effets qu’ils tirent d’Europe, ne peut faire l’objet d’un commerce bien considérable, et cet objet se réduira à peu de chose pour nous, si vous considérez que les étrangers, les Anglois surtout, ont le secret de faire passer toutes ces choses de luxe à bien meilleur marché que nous. Je ne prétends pas pour cela, cependant, que cet article soit à négliger ; mais il faut remarquer que ce n’est pas le plus souvent la beauté de l’ouvrage ou sa difficulté qu’on examine dans l’Inde. J’ai bien vu des fois préférer une tabatière d’or coulée à une autre qui auroit été cizelée. Portez dans l’Inde les plus beaux vases qu’il y ait en France, en or, en argent, ou cristal