Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/351

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quantité d’autres places très considérables, répandues de tous côtés. Ces avantages dont les Européens savent si bien profiter sont inutiles ici. À peine sorti des dépendances du Bengale, on voit le Gange, pour ainsi dire, nud ; on ne voit ni bazaras, ni batteaux, excepté ceux qui servent à traverser d’un bord à l’autre. Les productions du pays de Soudjaotdola sortent en petite quantité, et le transport d’un endroit à l’autre se fait sur des charettes ou sur des bœufs.

Benarès est du département du soubah d’Aoud. Elle est gouvernée par un raja qui tient cette petite province comme à ferme, et paye une certaine somme tous les ans à Soudjaotdola. Cette ville est, sans contredit, la plus belle de l’Inde après Dehly et Agra. Rivale autrefois de Eyderabad dans le Dekan, elle est devenue aujourd’hui bien supérieure, surtout depuis les troubles du Bengale, d’où sont sortis des richesses immenses. C’est la ville des Saokars ou Banquiers. Il n’y a personne tant soit peu riche, soit dans le Bengale, soit à Dehly, Agra et même dans le Dekan qui n’y ait son correspondant. Cette ville est à présent, on peut dire, le trésor de l’Inde. Comme elle est privilégiée, tant du côté des Maures que des Gentils, et qu’elle a toujours joui d’une parfaite tranquilité, chacun y met son argent en dépôt. Il n’y a point d’exemple que les habitans de cette ville ayent été forcés par le Soubahdar à aucune contribution ; cependant elle est toute ouverte. Le raja fait