Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/352

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souvent difficulté de payer ce qu’il doit, et Soudjaotdola, suivant les circonstances, est bien aise quelquefois de tirer de lui quelque chose d’extraordinaire. Un simple ordre ne suffit jamais ; il faut que le soubahdar se mette en marche, et le raja aussitôt fuit sur les montagnes. Le soubahdar entre dans la province, mais sans commettre la moindre hostilité ; il a soin même de se tenir à une certaine distance de la ville ; tout y est tranquile. Alors le raja entre en composition ; l’affaire est d’autant plutôt terminée qu’il n’ignore pas que le soubahdar, poussé à bout, pourroit nommer un autre gouverneur, et que le soubahdar de son côté sait bien qu’un changement est toujours suivi de mille inconvéniens. Avec tous ces avantages, Benarès n’est point une ville aussi commerçante qu’elle pourroit l’être, si l’on excepte le commerce des lettres de change, quelques manufactures d’étoffes brochées ; tout l’argent qu’elle enferme est un argent mort. C’est dans cette ville qu’on fait les plus riches voiles pour les femmes ; on en transporte dans toutes les parties de l’Indoustan. Après les sucres, c’est la chose qui sort du pays avec le plus d’avantage[1].

En général, on pourroit dire que le commerce qui se fait dans le pays de Soudjaotdola est plus nuisible que avantageux, puisqu’il doit faire sortir plus d’argent qu’il n’en entre, car je ne regarde pas

  1. Voyez le mot Bénarès au cahier d’explications.