Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/353

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les trésors que renferme Bénarès comme appartenant au pays, il ne circule pas ; c’est un argent déposé dont les propriétaires sont répandus dans tous les états du Mogol, et qui peut en sortir au premier ordre ; il en sort d’ailleurs beaucoup pour les marchandises qui y entrent, tant pour la consommation que pour les manufactures, comme soye écrue, soyeries, cottons, toile de toute espèce, drap, serge, pour le sel, les épiceries, quincailleries, et mille autres articles qu’on y transporte du Bengale et de plusieurs autres endroits. Il en sort encore beaucoup plus qu’on ne pense pour la cour de Dehly dont la proximité occasionne nécessairement bien des dépenses à ceux qui gouvernent dans les provinces dont je parle, de sorte qu’en peu de tems le pays se trouveroit sans espèce, s’il n’y avoit pas quelque chose pour réparer le défaut. C’est ce que font, en effet, ces voyageurs de tous états qui sont obligés de passer par les terres de Soudjaotdola, ces caravanes de marchands qui, outre les droits qu’ils payent, répandent encore leur argent partout où ils passent, et qu’on arrête souvent des mois entiers dans certains endroits pour donner lieu à une plus forte consommation.

J’ai dit que le commerce du pays de Soudjaotdola lui est plus nuisible qu’avantageux. Mais si on regarde l’eau du Gange comme une marchandise, il faudra me rétracter. Vous savez que c’est l’eau bénite des gentils, eau qui peut laver tous leurs