Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/354

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péchés, mais ce n’est pas de tous les endroits du Gange indifféremment qu’on doit la prendre. Pour qu’elle ait sa vertu, il faut qu’elle soit prise à certains jours et dans certains endroits affectés à la cérémonie des purifications, comme sont les pointes que forment les confluents des rivières. Pourquoi cela me direz-vous ? Il y a une raison que vous me dispenserez de raporter. Je me contenterai de vous dire qu’ils ne peuvent se puriffier qu’en se prêtant aux idées les plus obscènes. La contradiction est assez singulière, mais c’est assez le foible de l’esprit humain de n’être jamais d’accord avec lui même. Nous en avons des exemples parmi nous. Il y a beaucoup de ces endroits dans le Bengale et dépendances ; il y en a trois renommés dans l’étendue du Gange qui apartient à Soudjaotdola ; tels sont les confluents du Gemna, du Gomty et du Cayra avec le Gange. Des milliers de pèlerins s’y rendent à certains tems de l’année, de toutes les parties de l’Inde. Chacun paye quelque chose pour avoir la permission de se baigner et emporter de l’eau ; c’est selon la grosseur ou la quantité de flacons de verre qu’on achete dans le pays même. Cela, joint à la consommation journalière de tant d’étrangers, répand un argent immense. Les rajas y viennent eux mêmes par dévotion, chacun avec une suite de deux ou trois mille hommes.