Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/355

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Observations sur le Thibet.

Je ne vous ai dit, Monsieur, jusqu’à présent que ce que j’ai eu occasion de voir, mais puisque nous sommes sur le chapitre des Mœurs et Coutumes des Gentils, je vais, pour un moment, avec votre permission, sortir de l’Inde, et vous entretenir du Thibet. Ce que j’ai à vous dire est tiré de quelques observations manuscrites qui m’ont été remises, il y a quelques années par une personne digne de foi, et qui avoit été longtems dans le pays.

Le Thibet est très froid, et entouré de montagnes dont le sommet est couvert de neige toute l’année. Il n’y a point de bois dans le pays, seulement quelques broussailles. La raison est que les montagnes sont remplies de mines d’or, de cuivre et de plusieurs autres minéraux. Comme le Thibet dépend de la Chine, il est défendu très rigoureusement de faire passer de l’or, ailleurs qu’en Chine. Tous les habitans de ce pays portent des bottes à la tartare à cause du froid, et cela n’empêche pas que les ongles des pieds ne leur tombent presqu’à tous une fois l’année.

Il n’y a jamais qu’une femme dans chaque famille pour tous les garçons ou fils de la maison. Lorsqu’elle a couché dix à 12 jours avec l’aîné, le second en prend possession et la garde autant, ainsi successivement jusqu’au dernier. Ensuite le premier recommence ; c’est le père qui règle cette police. Le pays est si pauvre en aliments que les