Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/357

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cette laine que sont faites le plupart des châles. Les marchands de Cachemire qui fabriquent ces étoffes, viennent tous les ans enlever les laines. Ce qu’il y a de singulier, c’est qu’on ne tond pas les moutons dans le pays pour filer la laine, on la file sur le corps de l’animal[1] ; elle est d’une grande beauté, et de 7 à 8 pouces de long.

Il y a beaucoup d’aigles dans le pays ; il y a de petits chevaux sauvages dont la peau est si belle qu’on croiroit qu’ils sont peints ; on ne peut guères les attraper.

Il y a aussi des montagnes de sel. Les montagnards le ramassent et en chargent des troupeaux de moutons qu’ils conduisent dans les principales villes, comme à Lassa, sans les décharger. Là, ils vendent le mouton avec sa charge, et remportent en échange des étoffes du lin.

Les Thibetins sont sujets aux incursions des Tartares, leurs voisins, qui pillent le pays et emmènent avec eux les femmes et les filles[2].

Le Grand Lama est le chef de la religion du Thibet, de la grande Tartarie, et d’une partie de la Chine. Il est regardé de tous ces peuples comme un Dieu. Ils ont une si grande vénération pour ce lamas qu’ils ramassent avec soin ses ordures pour en faire présent aux Rois, aux princes et

  1. Je m’imagine qu’il y a un tems pour cela (voyez le mot à la table).
  2. C’est peut-être la seule et vraie raison pour laquelle il n’y a qu’une femme pour plusieurs hommes.