Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/367

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que ces Patanes étoient alors opposés au vizir et tout à faits dans les intérêts d’Abdaly et de Soudjaotdola. « Vous ferez bien, continua Zoulfekaralikhan, d’entrer en accommodement avec eux. »

Ce nouveau trait de fourberie me piqua, je me déterminai à mettre mon homme dans le cas de se perdre lui-même. « Bon, lui dis-je, il faut que vous écriviez aussi des lettres à ces Patanes que vous connoissez, sans quoi les miennes n’auront aucun effet. » Aussitôt il en expédia trois ou quatre où il avoit grand soin de faire entendre que c’étoit à sa sollicitation que je prenois le parti de m’adresser à eux et que sans lui j’allois joindre le vizir. Ces lettres bien fermées et cachetées de sa chape me furent remises pour être envoyées avec les miennes, mais je les gardai bien soigneusement. Comme je comptois toujours aller trouver le vizir, mon intention étoit de lui remettre mon homme avec toutes ses lettres. On peut juger du traitement       Mars 1758. qu’il auroit essuyé. Je n’en fis rien cependant comme on verra ci-après ; mais dès lors je fis garder le vieux fourbe par des cipayes ; nous fouillâmes ses paquets où l’on ne trouva rien de bien important ni en papiers ni en effets, je crois même qu’il ne lui restoit pas plus de huit à dix roupies. Il étoit, s’il y en a jamais eu, vir tenax propositi ; lorsqu’en lui reprochant ses impostures, je lui dis que j’avois reçu des lettres du Dékan, et que je savois que M. Dupleix n’étoit pas arrivé, il me soutint longtems avec la plus grande effronterie