jours sûrs d’arriver à destination ou d’y arriver à temps ; or, pour le succès des opérations commerciales dans l’Inde, les dates d’arrivée et de départ étaient pour ainsi dire impératives ; un retard d’un mois ou deux suffisait pour tout compromettre.
C’est pour obvier à ces inconvénients que Dupleix conçut quelques années plus tard les idées générales de sa politique. Si l’Inde, pensait-il, pouvait offrir par elle-même des ressources financières assez considérables pour se passer des fonds d’Europe, toutes les difficultés provenant des retards ou même des guerres viendraient à disparaître ; le commerce trouverait toujours sur place l’argent dont il aurait besoin. Il est vrai que pour avoir cet argent, il fallait posséder la terre elle-même : Dupleix ne recula pas devant les conséquences de son système et résolument il entreprit la conquête plus ou moins déguisée du Carnatic et du Décan. Il espérait, à la fin de ses peines, réaliser la fameuse formule qu’il exposa à la compagnie, trop tard peut-être, en octobre 1753 et qui se résume en ces mots : pour assurer l’avenir du commerce français dans l’Inde, il faut à la compagnie dans l’Inde elle-même « un revenu fixe, constant et abondant[1] » .
Si ces revenus avaient existé après 1745, il est probable que nos établissements du Bengale n’auraient pas été dans la situation précaire où ils se trouvaient encore en 1756, lorsqu’éclata la
- ↑ Lettre du 16 octobre 1753. — Arch. Col., C2 84, p. 18 à 25.