Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/423

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peu propres à tirer ; aussi toutes les voitures ne sont tirées que par des bœufs. Les carosses des maîtres sont extrêmement légers ; on en voit quelques fois tirés par des chevaux, mais cela est très rare. Comme les armées ne sont pour ainsi dire que cavalerie[1], il faut nécessairement que les chevaux soient chers ; on ne peut en avoir un passable à moins de douze cens francs.

On ne connoit point la pauvreté dans le Bondelkante ; on n’y connoit pas non plus l’opulance excessive. On y trouve un air d’aisance, de liberté qui s’étend même jusqu’aux femmes de distinction qui ne sont pas à beaucoup près aussi sauvages que dans les autres parties de l’Inde. Elles sont ici habillées en corcet et jupon, à peu près comme nos paysanes, mais plus proprement et avec plus de bijoux en or et argent que partout ailleurs. Elles portent un voile qui leur sert plus pour ornement que pour se couvrir le visage.

On voit dans tous les environs de Choterpour des monumens élevés en l’honneur des femmes victimes de l’amour conjugal où les femmes de la ville se rendent à certains jours fort dévotement, chantant les louanges de ces héroïnes. Elles y portent des offrandes de riz, safran et fruits de toutes espèces, elles y brûlent des parfums et illuminent

  1. Je crois qu’il peut y avoir dans l’empire mogol 1.200.000 cavaliers.