Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/425

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contribuèrent pas peu à inspirer aux habitants une certaine confiance en nous. Un des officiers sipayes s’avisa le jour même de notre arrivée de maltraiter un des habitants de Choterpour. La justice fut bientôt faite. Je le fis fouiller et chasser malgré toutes les prières que l’officier même me faisoit faire pour lui pardonner. Cette rigueur nécessaire me fit d’autant plus de peine que cet officier sipaye étoit venu me joindre, avec Mrs Changey et de Bellême, de Masulipatam où il avoit été depuis bien des années à notre service.

L’autre affaire étoit plus sérieuse ; il s’agissoit de deux de nos sipayes qui en traversant un petit bois la veille de notre arrivée à Choterpour avoient coupé le cou à une jeune femme et l’avoient laissée pour morte. Trois jours après, cette femme parut dans le camp n’ayant qu’un souffle de vie, soutenant sa tête des deux mains et dans un état à ne pouvoir parler ni rien avaler. Les deux sipayes furent aussitôt arrêtés sur certains indices que la femme donna ; du premier coup d’œil ils furent confondus ; ils la prirent pour un spectre et avouèrent le fait.

Cette créature étoit la femme d’un de ces sipayes qui étoit sergent de la compagnie. Ce misérable avoit voulu la livrer à son camarade, sans doute pour de l’argent. La femme ne voulant pas y consentir, on se mit en devoir de la forcer ; mais elle se défendit avec tant de courage en mordant, égratignant et donnant des coups de poings que les