Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/427

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précaution de boire en cachette ; aussitôt le bruit se répandit que nous nous abreuvions de sang. On peut juger la bonne opinion qu’on avoit le nous ; cependant nous les fîmes bientôt revenir de leurs fausses idées. L’attention avec laquelle Mrs les officiers veillèrent à la conduite du soldat nous gagna l’amitié des habitants, et je peus dire que pendant les deux séjours fort longs que nous fîmes à Choterpour nous n’eûmes qu’agrément de la part des gens du pays. Nous en étions cent fois plus aimés, craints et respectés que ne le sont les Européens soit à la côte soit dans le Bengale.

À l’égard du raja Indoupot et de sa famille, il y avoit bien des ménagements à garder, à cause de la désunion qui y règnoit. Deux ou trois de ses oncles faisoient autant de partis, qui, ne pouvant s’accorder entre eux sur certains partages qui avoient été faits par l’ancien raja, étoient souvent aux prises, et troubloient la tranquilité du gouvernement. Chaque parti formoit une armée de cinq à six mille hommes. L’un paroissoit soutenu par Indoupot, les autres quoique opposés entre eux étoient soutenus assés ouvertement par les Marates qui, ne cherchant qu’à profiter des troubles, auroient été au désespoir que l’affaire eut pu s’accommoder. Je ne tardai pas à recevoir des députés des uns et des autres avec les plus fortes invitations à prendre parti, et, à dire vrai, si ce n’avoit été la crainte de m’engager trop avant dans ce pays, je n’aurois peut-être pas mal fait de