Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/432

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Anglois, je m’imaginois que celle-ci ne devant pas s’éloigner de la côte pour être à portée de secourir Madras, la nôtre feroit fausse route pour les iles et viendroit droit dans le Bengale, où assurément elle pouvoit faire quelque chose, quand même elle eût borné son expédition à la prise de Chatigan, qui auroit pu nous être de grande ressource. Mais je ne m’en tenois pas là ; car en même tems que je faisois venir l’escadre, je m’imaginois que M. de Bussy ou quelque autre commandant avec un corps de cinq cens Européens et de quatre mille sipayes devoit pénétrer dans la province de Mednipour, et, de là, en se joignant à quelques partis qui se seroient déclarés pour nous, marcher à Morshoudabad même ou à Calcutta ; notre escadre y auroit trouvé tout ce qu’il falloit pour se reposer. À quelles erreurs n’est-on pas sujet, lorsqu’on se laisse aller à tout ce qu’on peut souhaiter de plus favorable ? Mon excuse est dans l’éloignement où j’étois, je ne pouvois voir les choses qu’à demi ou plutôt je ne voyois rien. Quoiqu’il en soit, imbu de toutes ces idées, j’écrivis au plus vite à M. Lenoir, qui étoit auprès du vizir, de laisser là ce ministre avec lequel je voyois bien qu’il n’y avoit rien à faire et de s’en revenir. J’expédiai en même tems plusieurs lettres pour le chazada, en le conjurant de descendre promptement à Eleabad où j’irois le joindre pour marcher avec lui dans le Bengale. Mes lettres ne contenoient que des choses capables de l’engager à tout entreprendre. J’avois reçu du