Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/434

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l’autre pour des vues d’intérêt. Racdolobram se voyoit bockchis, trésorier, ayant à ses ordres particuliers un grand corps de cavalerie. Ses parents occupoient les premiers emplois. Malgré cela, il n’étoit pas content, il auroit voulu que tout se fît par lui et prenoit des airs d’indépendance dont Jaferalikhan ne pouvoit qu’être très offensé. La rupture vint au point que Mirdjaferalikhan, craignant quelque complot, prit le parti de faire mourir Mirzamendy, frère du malheureux Souradjotdola, sur des soupçons que Raedolobram étoit dans l’intention de le nommer nabab. Racdolobram trembloit pour lui-même et n’osoit plus se présenter au dorbar ; mais le colonel Clive crut devoir le prendre sous sa protection. En effet toutes ces dissessions faisoient la plus grande sûreté des Anglois qui, du caractère dont étoit Jaferalikham, n’auroient pu se soutenir, si ce nabab avoit trouvé le moyen ou de réunir [à lui] tous les esprits de ses sujets ou de se défaire de ceux qui lui étoient opposés. Son projet auroit été d’ôter tous les emplois, tous les postes importants à ceux qui paroissoient se prévaloir de la protection des Anglois, comme Raëdolobram, Rajaram, fodjedar de Mednipour, Ramnarain raja de Patna ; d’y placer ses propres créatures ; après quoi il se flattoit de venir bientôt à bout des Anglois. C’étoit bien penser ; mais il avoit à faire à un homme trop clairvoyant ; il accabloit le colonel de caresses, mais celui-ci n’en étoit point la dupe ;