Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/435

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comme l’argent, surtout dans l’Inde, est la meilleure pierre de touche pour connoître le cœur humain, il s’aperçût bientôt des sentiments du nabab par les difficultés qu’il trouvoit à se faire payer des sommes stipulées par le traité qui avoit été fait entre eux au moment de la révolution. Sur quoi sentant la nécessité de tenir le nabab en échec, il forma un plan de conduite par lequel, sans rompre ouvertement avec lui, il le mettoit toujours dans la nécessité d’avoir recours aux Anglois pour l’exécution de ses projets. En vain Mirdjafer employa-t-il tous les moyens possibles pour s’assurer la confiance du colonel et l’engager à lui abandonner ceux dont il avoit à se plaindre, M. Clive, qui se doutoit des motifs qui le faisoient agir, (l’espérance de se débarasser bientôt des Anglois) tint toujours ferme.

La coutume des soubahdars est de parcourir, la première année de leur règne, toutes les provinces de leurs dépendances afin de se faire reconnoître plus authentiquement. Cela étoit d’autant plus nécessaire à Mirdjaferalikham que plusieurs commandants paroissoient peu disposés à lui obéir. Il vouloit aller à Patna, et, chemin faisant, apaiser les troubles de la province de Pournia. Son armée seule pouvoit suffire à ces opérations, mais comment laisser derrière lui l’intriguant Raedolobram dont il avoit raison de se défier, et qui, sous prétexte d’incommodité ne vouloit pas le suivre ? Il fallut de nécessité s’adresser au colonel et le