Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/440

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de toute expédition dans le Bengale ; c’est du moins ce que disent les mémoires anglois. Pour moi, j’ai toujours pensé, ainsi que je l’ai marqué dans le tems à Mrs de Pondichéry, qu’il y avoit quelque chose de plus dans cette manœuvre du colonel. Il connoissoit trop Mirdjaferalikhan pour se fier à lui. Il devoit penser qu’au cas que notre escadre parut dans le Gange, ce qui pouvoit très bien arriver, ce nabab resteroit neutre, s’il ne se joignoit à nous. Il étoit même probable qu’il auroit profité des embarras du colonel pour exécuter ses projets contre Raedolobram, Ramnarain et quelques autres commandants qui par là se seroient trouvés dans l’impossibilité de secourir les Anglois. Si l’on me soutient que le colonel étoit sur de faire agir Mirdjaferalikhan contre nous, je répondrai que notre parti auroit toujours été le plus fort, puisque, outre notre supériorité en Européens, nous aurions eu certainement pour nous tous les rajas ennemis de Mirdjaferalikhan.

Le plus sur étoit donc de s’assurer de la personne du nabab ou même d’en placer un autre. Il y avoit cet avantage pour les Anglois, en faisant un nouveau soubahdar, qu’ils auroient trouvé en lui un soutien d’autant plus solide que n’étant point brouillé avec les rajas ou autres commandants des provinces, il eût été en état d’agir de concert avec eux et qu’il eût regardé son élévation comme le prix des services qu’on lui auroit imposés. Supposé que le nouveau nabab connoissant