Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/441

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ses vrais intérêts eut voulu pacifier les troubles du Bengale, il auroit pu nous proposer d’entrer en accommodement, rejeter tout ce qui s’étoit passé sur la mauvaise conduite des précédents nababs, nous permettre de nous rétablir comme nous étions, mais à condition que nous n’attaquerions pas les Anglois dans le Bengale.

Ces réflexions me portent à croire que cet appel de Mirdjafer à Calcutta étoit principalement pour l’arrêter. Les avis que je recevois de plusieurs personnes disoient bien plus, car il ne s’agissoit pas moins que d’une délibération dans le conseil de Calcutta pour le faire fusillier, mais je n’en crois rien. Au reste le nabab qui, malgré toute sa jalousie contre les Anglois, conservoit un fond d’estime et d’amitié pour M. Clive, ne fit aucune difficulté pour se rendre à Calcutta et en cela il prenoit le bon parti, supposé même qu’il eût quelque défiance ; car un refus ne pouvoit qu’irriter le colonel qui, nos forces ne paroissant pas, auroit trouvé facilement le moyen de le déposer.

Mirdjafer eut du moins, à l’occasion de cette visite, le plaisir de se voir débarrassé de Raedolobram son ennemi. Se doutant bien que l’empressement que les Anglois avoient de le voir à Calcutta que c’étoit à cause de l’arrivée de nos forces à la côte, il crut devoit profiter de cette circonstance, se flattant que les Anglois ayant besoin de lui le laisseroient agir. Avant que de partir de Morshoudabad, il dépouilla Raedolobram de tous ses em-