Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/443

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ne feroit pas difficulté d’y revenir toutes les fois qu’on voudroit l’en prier. Mais voici selon moi le coup de maitre du colonel. Il paroit certain, par l’opposition qu’il trouva de la part de son conseil, que tout autre gouverneur ne l’auroit jamais tenté.

M. Clive étant encore à Patna avoit reçu des lettres de Chicacol et même, je pense, un envoyé, par lequel il avoit appris combien le raja de cet endroit étoit indisposé contre les François et porté à se soustraire de leur dépendance. Concevant tout l’avantage qui résulteroit pour le bien général d’une alliance avec ce raja, et surtout pour les établissements de Madras, il forma aussitôt le projet d’une diversion, et malgré toutes les représentations qu’on put lui faire, il fit embarquer pour la côte d’Orixa le colonel Ford avec quatre cens vingt soldats et quatorze cens sipayes. Une diminution aussi considérable dans les troupes angloises du Bengale devoit naturellement faire un mauvais effet et porter Mirdjafer à entreprendre. Ce n’étoit pas là ce qu’il y avoit de plus à craindre. Pour tenir le nabab en respect, le colonel avoit dans Calcutta Raedolobram qui lui auroit bientôt trouvé des ressources en hommes et en argent. Il avoit pour lui le fodjedar de Mednipour, le raja de Patna, c’étoit bien de quoi opposer à Mirdjafer ; mais si notre escadre avoit paru dans le Gange, que devenoient les Anglois ? Quoi qu’il en soit, le projet réussît au delà de ce que le colonel devoit espérer.