Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/445

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tamment de ne point précipiter les choses, et d’écrire à nos généraux d’attendre qu’il put agir de concert avec eux ; mais, par tout le détail que me fit M. Lenoir, il étoit aisé de voir que le vizir n’étoit pas en état de s’éloigner de Dehly.

M’imaginant que je resterois encore bien du tems dans l’inaction, je pris le parti en novembre d’envoyer M. de Bellême à Pondichéry. Je perdois en lui un des meilleurs officiers que j’avois, un homme de confiance ; mais il perdoit son tems avec nous. Comme il étoit marin et qu’il venoit même d’obtenir un grade au service du roi, je crus qu’il pourroit être utile à la côte.

Sur la fin de décembre je reçus des lettres de notre chazada Alygohar plus intéressantes que je n’aurois osé l’espérer. Vous vous souviendrez que je l’avois laissée, dans l’armée d’Hytelrao de qui il avoit lieu de craindre quelque trahison ; mais le Marate s’étoit comporté avec plus de probité que je ne lui en croyois. Il fît son accommodement avec le vizir Ghaziouddinkhan ; il y étoit forcé par les ordres de ses supérieurs, mais en même tems il fut stipulé au nom de toute la nation marate que le prince seroit maitre de demeurer dans telle partie de la ville de Dehly qu’il choisiroit, sans que le vizir pût l’inquiéter, qu’avant tout il lui seroit payé une certaine somme pour son entretien et celui de ses cavaliers et que les Marates lui feroient avoir par la suite un domaine particulier. Le chazada reçut en effet quelque argent et rentra tran-