Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/493

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dépendance de son général qui, sans égard à l’excessive chaleur de la saison, (nous étions en may) nous tenoit continuellement en mouvement, et la plupart du tems très mal à propos ; c’étoit même avec la plus grande peine, malgré la recommandation du chazada, que je tirois de lui de quoi donner des acomptes aux officiers et soldats.

Cela ne pouvoit être autrement. En général pour qu’un corps européen puisse réussir en jonction à telle puissance de l’Inde que ce soit, il faut qu’il soit en état de se faire craindre, et donner la loi soit par sa propre force soit du moins par celle qu’on voit à la nation dont il est détaché ; il faut que le commandant de ce corps puisse dire : vous ne voulez pas exécuter ce que j’exige, je me retire. Sans cela ce commandant aura toujours les mains liées. Il ne peut que devenir tôt ou tard le jouet du caprice ou de la mauvaise foi de la puissance indienne au service de laquelle il se verra attaché. Malheureusement ne pouvant pas perdre de vue un instant le service de la nation qui le portoit toujours du côté du Bengale, où j’étois sûr de trouver des ennemis européens beaucoup plus forts que moi, je me voyois toujours esclave des circonstances, sans ressources, hors d’état d’employer des moyens d’agrandissement qui partout ailleurs m’auroient réussi, si, oubliant les intérêts de la nation, je m’étois attaché à quelque puissance du nord, comme par exemple à celle des Djates, des Siyques, des Patanes, ou de divers